Définition : être en situation d'illettrisme

C’est ne pas disposer, malgré une scolarisation en langue française, des compétences de base (lecture, écriture, calcul…) suffisantes pour faire face de manière autonome à des situations de la vie courante comme :

  • se déplacer ou circuler,
  • faire ses courses,
  • compléter un formulaire d’identité,
  • lire une notice de médicament,
  • comprendre une consigne de travail ou de sécurité,
  • remplir un chèque,
  • lire le cahier de correspondance de son enfant,
  • retirer de l’argent à un distributeur automatique,
  • faire un calcul simple,
  • calculer des quantités ou faire un dosage,
  • lire un horaire de bus ou un planning de travail,
  • faire des démarches administratives en ligne,

Définition de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) – 2003

« L’illettrisme qualifie la situation de personnes de plus de 16 ans qui, bien qu’ayant -été scolarisées (en langue française, ndlr), ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne, et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples. Pour certaines personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers, avec une insuffisante maîtrise d’autres compétences de base comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps, etc. Malgré ces déficits, les personnes en situation d’illettrisme ont acquis de l’expérience, une culture et un capital de compétences en ne s’appuyant pas ou peu sur la capacité à lire ou à écrire. Certaines ont pu ainsi s’intégrer à la vie sociale et professionnelle, mais l’équilibre est fragile, et le risque de marginalisation permanent. D’autres se trouvent dans des situations d’exclusion où l’illettrisme se conjugue avec d’autres facteurs. »

La lutte contre l’illettrisme ne doit être confondue ni avec la politique linguistique des migrants, ni avec la remise à niveau :

On parle d’illettrisme pour un adulte qui a été scolarisé en langue française et qui doit réapprendre, renouer avec les compétences de base nécessaires au quotidien.

On parle d’analphabétisme pour un adulte qui n’a jamais été scolarisé dans quelque langue que ce soit, ni en France ni dans son pays d’origine, et qui ne connaît donc le code écrit d’aucune langue. Il s’agit pour cet adulte d’apprendre pour la 1ère fois à lire et à écrire une langue, le français.

On parle de Français Langue Etrangère (F.L.E) pour un adulte étranger ou d’origine étrangère qui a été scolarisé dans une langue autre que le français avant son arrivée en France et qui doit apprendre la langue française pour vivre en France et s’y insérer.

On parle de remise à niveau (RAN) pour un adulte ayant été scolarisé en français qui maîtrise globalement les compétences de base, mais qui a besoin de consolider ses acquis, d’approfondir ses connaissances ou simplement de se rappeler certains points acquis dans un but précis (par exemple, élaborer un projet professionnel, passer un concours de niveau V…).

Les chiffrés clés

Les personnes confrontées à l’illettrisme font tout pour cacher leurs difficultés, mettre en place des stratégies de contournement face à l’écrit et passer inaperçues. Cependant, l’illettrisme n’est pas un phénomène marginal en France.

7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en langue française est en situation d’illettrisme, soit 2 500 000 personnes. Plus de la moitié exerce une activité professionnelle. Elles occupent généralement des emplois précaires et peu rémunérés. La plupart ont plus de 45 ans et vivent dans les zones rurales.

En Lorraine, le taux d’illettrisme est estimé à 10%, soit 3 points de plus que la moyenne nationale. Autrement dit, on considère que près d’un Lorrain sur dix est en situation d’illettrisme.

Comment identifier le public en situation d'illettrisme ?

Repérer, c’est d’abord observer et relever un faisceau d’indices pertinents qui vous permettront de poser un diagnostic fiable.  La confrontation de la personne à l’écrit – sur place et devant vous – sera l’élément déterminant : c’est la condition sine qua non d’un repérage réussi. N’hésitez donc pas à demander à la personne d’écrire quelques mots devant vous, sous un prétexte quelconque : une simple signature, la prise en note d’un numéro de téléphone ou d’une adresse peuvent suffire…
La grille « indices révélateurs d’une situation d’illettrisme » est un mémento : au fil des entretiens – a priori motivés par tout autre chose (problème d’emploi, de logement, de santé…) -, vous y cocherez les items correspondant aux indices observés.

Formation

Une fois la situation d’illettrisme identifiée, vous ne devez pas hésiter à aborder la question avec la personne. Mais comment en parler avec la personne concernée et engager avec celle-ci une démarche d’accompagnement vers le réapprentissage des savoirs fondamentaux ? Car proposer une formation de base, c’est orienter la personne vers la réponse la plus adaptée à ses besoins et à son profil, mais aussi l’accompagner dans son parcours de formation professionnelle ou de recherche d’emploi.


De votre part, cela implique tout d’abord d’être convaincu de l’intérêt de cette formation pour la personne, puis d’oser évoquer la question avec elle. Une attitude bienveillante peut suffire à initier et encourager le dialogue. Ainsi, après avoir sollicité la personne pour qu’elle écrive quelques mots, il est parfois possible d’aborder la question de façon directe et simple en ces termes « C’est difficile pour vous de… » ou « Vous n’avez peut-être pas l’habitude de… ».